Nos vieilles peurs

Il y a d’abord la peur de l’anéantissement. Et si c’était la fin des temps. Le Coronavirus en présente toutes les caractéristiques. Il est imperceptible, invisible dans sa puissance de destruction. Il est également imprévisible et totalement incontrôlable : il se répand sur toute la planète et prend des proportions phénoménales qui semblent nous dire : « l’apocalypse c’est maintenant. »

Pour le pessimiste dépressif il y a quelque chose de fascinant à se complaire dans le constat du désastre qui vient comme confirmer ce qu’il pressentait depuis longtemps. « Je vous l’avais bien dit que ça ne tournait pas rond. Alors rien d’étonnant à ce que ça nous tombe dessus maintenant. »

Le profiteur quant à lui, préférera pratiquer la politique de l’autruche et rester dans le déni. « Ne dramatisons pas, il ne se passe pas grand-chose, l’humanité en a vu d’autres et comme on ne vit qu’une fois, profitons-en encore une dernière fois. »

Mais il y a surtout la peur de la mort et plus encore la peur de mourir seul, sans recours humain. La peur de l’abandon est profondément enracinée en nous dès l’enfance. Et comme si ça ne suffisait pas, s’est rajouté le choc de devoir rester chez soi pour le bien de tous. Et ça, c’est contraire à notre culture occidentale qui prône l’évasion, qui pousse à compenser par la consommation et qui exalte l’individualisme. Et pour couronner le tout, voilà que le confinement nous obligerait à penser à la mort alors que tout est organisé pour nous faire croire que la vie est sans limites.

Alors que faire avec nos peurs ? D’abord les apprivoiser en les nommant. Et très vite on se rendra compte qu’elles nous permettront de réfléchir aux logiques qui nous ont menés là. Elles nous permettrons de reconsidérer notre rapport à la nature et finalement d’en profiter pour mobiliser nos ressources spirituelles. La tempête apaisée est toute désignée pour nous faire comprendre que le cri des apôtres a peut-être aussi quelque chose à voir avec notre propre cri qui se fait l’écho de notre manque de foi. Malgré tout Jésus a calmé la tempête, ne l’oublions pas !

Guy Delage sj

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