Et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq. N’allons pas trop vite en besogne. Pourtant on y est presque. La 4 G vit encore que déjà la 5 G frappe à la porte. Si vous ne l’entendez pas frapper c’est que vous êtes sourds. Pas forcément à vrai dire, car il est inutile de frapper à une porte qui est déjà grande ouverte.
Il va de soi que l’on ne pourra bientôt plus vivre sans la 5 G. L’avenir qui s’ouvre devant nous s’écrit en 5 G.
Il est même urgent d’y arriver au plus vite. Grâce elle on va pouvoir multiplier par 1000 le volume des données transmises en une seconde et le temps de transmission sera 50 fois supérieur à ce que nous connaissons. Et en plus elle va nous faire entrer dans l’ère de l’interconnexion des objets. Pour y arriver, il faudra installer des tas d’antennes relais et envoyer un grand nombre de satellites dans l’espace. La 5 G va même contribuer à relancer l’économie post-covid. La société Ellon Musk n’a pas attendu la crise sanitaire pour envoyer une première salve de 120 satellites. Si Amazon, Google et Huawei s’y mettent aussi il faudra en fabriquer un nombre considérable, avec à la clé, des emplois par milliers.
Les passéistes disent qu’un tel encombrement de l’espace aura des effets sur l’atmosphère. Mais n’y pensons pas. Quelques angoissés s’inquiètent des conséquences sur la santé que provoquerait une exposition prolongée aux ondes électromagnétiques. Comment peuvent-ils affirmer une chose pareille alors que la 5 G n’est pas encore arrivée ? Il est vrai que dans les années 2000 des études scientifiques attiraient l’attention sur les problèmes neurologiques et les conséquences sur l’ADN que provoque une exposition prolongée à de faibles fréquences. Mais depuis, la technologie s’est développée et nous ne sommes pas morts.
Si aujourd’hui nous n’avons pas besoin d’objets connectés pour vivre, demain nous ne pourrons plus nous en passer. Le markéting (la science du marché) sait créer des besoins. Nous pouvons lui faire confiance. Et grâce à la connectique nous serons suivi à la trace pour notre sécurité et notre bien-être. Adieu démocratie, bonjour Big Brother. Comme en Chine, les bons citoyens seront récompensés et les mauvais seront pénalisés. Les algorithmes se chargeront de faire le tri, comme pour les déchets. La technologie sera notre nouvelle religion et les écrans, nous adorerons.
Comme nous le rappelle le livre des proverbes (18,24) : « L’homme intelligent a devant lui la sagesse, mais le regard de l’idiot se porte au bout du monde. » … ou dans la 5 G pourrait-on dire. Au lieu de porter notre regard sur la technologie numérique portons plutôt notre intelligence sur le monde que nous voulons construire et servons-nous de la technologie dans la mesure où elle nous aide à vivre, mais écartons les choix techniques qui feraient de nous des robots.
Guy Delage sj