Alors que 2020 a pris fin sans tambours ni trompettes, mais plutôt avec un ouf de soulagement, le temps est venu de se tourner résolument vers l’avenir, le sourire aux lèvres. Notre salut est entre les mains de Pfizer. Et bientôt les masques, le couvre-feu, les tests, le traçage, la quarantaine, la distanciation sociale, les cinémas et salles de spectacles fermées ne seront plus qu’un mauvais souvenir.
Mais pour autant n’allons pas trop vite en besogne. Ne perdons pas de vue que l’humanité est en marche vers le 6ème extinction de masse qui nous tend les bras. Alors aller de l’avant sans même jeter un coup d’œil dans le rétroviseur serait, à coup sûr, se jeter dans la gueule du loup. Et plutôt que de tirer à boulets rouges sur 2020 commençons par rendre grâce pour les nombreux bienfaits dont cette année exceptionnelle nous a comblés.
Jusque-là nous étions sûrs de nous, sûrs de notre avenir, sûr du progrès infini qui nous mettait à l’abri des famines, de bien des maladies dont on mourait jadis et de la guerre. Et voilà qu’un virus, même pas visible à l’œil nu, nous fait tomber de notre pied d’estale. Cet insigne énergumène, infiniment plus petit qu’un moucheron a terrassé sans mal les lions que nous sommes. Et par la même occasion, il nous a rappelés à notre vulnérabilité. Non, nous ne sommes pas tout puissants. Le serpent de la genèse a fait croire à Adam et Eve qu’ils étaient invulnérables. Et parce qu’ils se sont pris pour des dieux ils ont été réduits en poussière. A l’inverse, quand Dieu s’est fait homme et qu’il est venu habiter parmi nous c’est en endossant la vulnérabilité d’un nouveau-né et en s’exposant à la violence qu’il nous a rejoints. A peine né, la violence des hommes lui a valu de prendre le chemin de l’exil avec ses parents. Cette violence, il l’affrontera tout au long de sa vie et la traversera sur la croix. Sa force, il la tirera de sa grande vulnérabilité qui l’oblige sans cesse à tout remettre entre les mains du Père. Voilà donc une première occasion de rendre grâce pour le coronavirus.
La deuxième occasion vient du confinement qui nous a contraint à aller à l’essentiel ou au moins à nous poser la question : qu’est-ce qui est essentiel pour moi ? L’essentiel n’est pas dans la richesse matérielle, mais dans la rencontre. Il a fallu en être privé par la distanciation sociale pour s’en rendre compte. Merci M. Corona de nous avoir ouvert les yeux.
Enfin, la vie est un risque permanent qui n’aura de cesse de croître dans les années qui viennent : risques de catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique, risques d’attentats loin d’être éradiqués, risque de pandémie (il y en aura d’autres), risque de catastrophes écologiques et d’autres risques en tout genre nous attendent.
Alors si, en 2021, nous prenions le risque de vivre, si nous décidions d’accepter notre vulnérabilité et de laisser de côté l’accessoire pour nous satisfaire de l’essentiel, nous aiderions l’humanité tout entière à faire un grand pas en avant.
P. Guy DELAGE