Vous trouverez ici quelques ressources destinées à vous aider dans un cheminement spirituel : la prière, le discernement, la relecture de vie, …

>>> La pierre à rêver

La pierre à rêver “Voici que je fais du neuf qui déjà bourgeonne… “

La pierre à rêver (Pierre Ferrière)


>>> Parabole des parapentes pour éclairer le discernement des esprits.

« Il y avait une fois… en Suisse, dans les montagnes, dix jeunes dans une cabine de téléphérique. Avec d’énormes sacs à dos. La cabine s’arrête au milieu de la montagne. Le groupe sort. Les sacs sont très lourds. Ils les mettent sur leur dos. Ils vont rejoindre d’autres personnes sur le flanc de la montagne. Il fait grand beau temps. Plein de soleil. Les 10 jeunes ouvrent leurs sacs. Ils en sortent de grandes toiles de toutes les couleurs et des fils, des tas de fils. Ils déplient minutieusement la toile et les fils : c’est comme des parachutes, mais pour planer dans l’air : des parapentes. Et ils s’élancent dans les airs.

Cinq parmi eux étaient expérimentés. Et cinq étaient novices. Les cinq expérimentés montent, montent, happés par un courant d’air chaud qu’ils ont détecté et qui les portent sans qu’ils doivent faire beaucoup d’efforts. Ils s’amusent beaucoup et forment comme un carrousel dans le ciel. Et ils restent en l’air une heure, deux heures, trois heures sans grand effort : ils jouent avec le courant d’air chaud qui les porte et les soutient dans les airs.

Les cinq autres, novices, descendent, descendent vers le village d’où ils viennent. Ils font beaucoup d’efforts pour tâcher de monter, s’agitent, mais en vain. Ils n’ont pas détecté le courant d’air chaud. Quand ils arrivent en bas ils sont très fatigués d’avoir tiré de toutes leurs forces sur leurs cordes. Et ils sont déçus d’être déjà en bas après seulement 10 minutes de vol alors que les autres s’amusent tant dans le ciel. »

Que nous apprend cette petite histoire ?

Les cinq jeunes expérimentés, ont appris à détecter les courants d’air chaud. Ils se laissent porter par ce souffle. Trop à gauche, il n’est plus là. Trop à droite non plus. Quand ils sont au cœur du courant ascendant, l’air chaud les porte. Cette « portance », ce souffle ascendant est un don qui leur est fait. Ils se contentent de collaborer avec cette énergie qui leur vient d’ailleurs et qui les maintient en l’air sans qu’ils doivent faire d’autres efforts que de s’y maintenir !

Parfois, dans notre quotidien, nous sommes comme les cinq jeunes novices en parapente. On n’a pas détecté le courant porteur. Ou bien on l’a perdu de vue. On manque d’énergie pour s’investir dans des activités qui nous paraissent comme une montagne à déplacer (repas, bain, prière, anniversaire, fête, sortie, veillée, messe, pélé, retraite…). Au lieu de nous nourrir, ces activités nous épuisent. Rien que d‘y penser, on est déjà fatigué.

Heureusement nous avons tous expérimenté que certaines activités et certaines manières de les entreprendre sont porteuses : on sent qu’on reçoit de l’énergie pour s’y investir. Il ne faut pas tirer ou pousser de toutes nos forces, les choses se mettent en place, souplement, joyeusement, un peu d’elles-mêmes : cela nous est donné. Il y a là un don de Dieu. Tout l’art est de détecter très précisément où Dieu nous donne son Souffle, pour quelle activité et pour quelle manière de l’entreprendre. Il y a alors une œuvre d’alliance entre Dieu et nous, entre sa Force, son Souffle, qui nous sont donnés, et nos propres efforts pour y correspondre.

C’est la fameuse réciprocité des relations : il y a une manière gracieuse de donner à l’autre le meilleur de moi-même telle que je stimule de sa part le don gracieux du meilleur de lui-même. Et dans cet échange, où tous les deux sommes gagnants, nous expérimentons la grâce qui nous est donnée. Un Souffle, une saveur nous vient d’ailleurs que de nous-mêmes : de Dieu.
Michel


>>> L’homme qui avait peur de tomber


Petite vidéo qui nous pose une question existentielle….


>>> Allégresse


>>> Etty Hillesum : « Un éblouissement au coeur de l’obscur… »

« Un éblouissement au coeur de l’obscur… »

Etty Hillesum : une des grandes voix de notre temps. Une femme flamboyante, plongée dans l’horreur nazie et qui refuse la spirale de la haine…

En ce mois de janvier, Pierre Ferrière est interviewé par Pierre-Paul Delvaux pour son émission « Points de Repères », à la radio RCF-Liège. Cécile Gillet lit les textes d’Etty.
Vous pouvez l’écouter ici :


>>> Témoignage d’une aumônière de prison.

“Ils l’ont mérité !”

Parfois, j’entends dire : « Si un tel ou une telle est en prison, c’est qu’il-elle-l’a mérité. Un méfait ou un crime, doit être puni, n’est-ce pas ? »
Et pourtant… c’est un jugement que, personnellement, je n’aime guère entendre. Ma question est plutôt celle-ci : « Pourquoi certaines personnes s’aventurent-elles si loin qu’elles en viennent à commettre des actes souvent irréparables ? »

Oudenaarde est une petite prison, +/- 140 détenus (hommes). Entre 1922 et 1933 la prison était une maison d’arrêt. En 1936 la prison devient « maison de peine » pour de longues périodes d’emprisonnement. Les prisonniers sont souvent à deux dans une cellule, les détenus occupent seuls une cellule. Tout est destiné à leur donner la vie humaine la plus digne possible. Les détenus peuvent faire appel au service psycho-social, ils peuvent travailler (souvent trop peu de travail !), faire du sport, des ‘promenades’ dans une cour carrée entourée de hauts murs. Les détenus peuvent recevoir différentes formes de visites. La prison est un village en soi.

Quelle est ma tâche d’aumônière ?
Au début, un nouveau monde s’ouvrait devant moi, un monde conscient des faiblesses de notre société.
Ma tâche la plus importante : écouter, écouter sans juger, ces femmes, ces hommes qui ont un cœur, des désirs, des sentiments, des espoirs, avec leurs faiblesses, comme chacun d’entre nous. Ecouter et accepter les silences, longs et lourds parfois. Les raisons pour lesquelles ces détenus sont là ne m’intéressent pas. La personne en tant qu’être humain me suffit largement… Je découvre combien ont été abîmés dans leur jeunesse par des relations familiales chaotiques ou quasi inexistantes et des situations plus que problématiques : l’alcool, la drogue… Les voilà rendus au dernier échelon de la société !
J’essaie aussi de me placer au dernier échelon, « en humble place », de les visiter les mains vides, mais le cœur grand ouvert. Je suis là pour eux, pour leur faire sentir et comprendre qu’ils sont vraiment « des nôtres », qu’ils sont importants pour moi : « Tu es quelqu’un ! Tu as du prix à mes yeux ».

Les personnes en cellule ont le temps de réfléchir. Long et lent processus ! Car elles sont tellement chamboulées par leur passé, leur faute (souvent pas vraiment voulue) et la culpabilité qui les étreint, qui les écrase. L’un d’eux m’a dit : « je reçois une seconde chance dans ma vie ; ma victime, elle, n’a pas cette seconde chance : morte à jamais ! Il me reste l’écoute et l’accompagnement pour initier un long chemin de pardon, de réconciliation avec soi-même et avec l’autre. La vie continue !
Et il m’arrive de rencontrer de si « belles âmes » !
Savez-vous qu’on prison on prie beaucoup ? Qu’ils me demandent une bible ? Car ils y trouvent consolation, force, courage et espoir. Ou je la leur raconte… Certains ressentent la grande miséricorde du Père : « Je ne te juge pas, je suis là pour toi »… n’est-ce pas l’histoire du fils prodigue ?
Pour les personnes esseulées-abandonnées par leur famille, leurs amis, sans aucune visite ni lettre, Jésus peut même devenir un grand ami.
Dans toutes les prisons, on manque de visiteurs bénévoles, comme aussi des Bibles en plusieurs langues.
Qui peut s’imaginer vivre dans une petite place d’environ 3m/4m pendant des années, sans visite ni lettre, sans pouvoir ouvrir sa propre porte pour sortir…car à l’intérieure de la cellule, pas de poignée à la porte ?

Plus je vis dans ce milieu carcéral, plus je ressens la grande responsabilité de la société d’aujourd’hui. A commencer par la responsabilité des parents dans l’éducation de leurs enfants, la responsabilité de chacun d’entre nous dans nos relations quotidiennes avec nos semblables. Nous sommes tellement occupés dans notre monde hyper-connecté et en évolution si affolante. Cette question, lancinante, m’habite : est-ce que je connais mes voisins ? Est-ce que je prends le temps de me mettre à l’écoute de l’autre ?
Un détenu me disait : « Avant d’en arriver « là », un voisin me voyant si souvent saoul, jamais ne m’a interpellé ! Or c’est précisément cette ivresse qui m’a mis hors de moi et jeté dans cette folle agressivité. Dans un état normal, jamais je n’aurais été à ce point agressif ! ».
Où s’exerce la responsabilité de la société, au sorti du séjour en prison ?
Quand les prisonniers sont libérés, ils trouvent si peu d’accueil et pas de travail…
Où qu’ils aillent, ils portent le poids de leur méfait (le ‘passeport’).
Et si nous osions leur offrir généreusement une nouvelle chance !
« Il l’a, certes, mérité, mais aussi il l’a payé : dans son cœur et dans sa chair ! » me disait le parent d’un détenu récemment libéré…

Sr. Françoise Opsomer 30/4/2018
Retraitante à La Pairelle, ancienne membre de l’équipe SEPAC .